Comment savoir si une entreprise peut financer ses projets sans emprunter ni lever des fonds ? La réponse tient souvent en trois lettres : CAF, pour capacité d’autofinancement. Derrière ce nom un peu technique se cache un indicateur simple mais redoutablement efficace pour piloter une activité.
Que vous soyez auto-entrepreneur, dirigeant de TPE ou futur investisseur, comprendre comment se calcule la capacité d’autofinancement est un atout précieux. Et promis, on va le faire sans jargon inutile, avec des exemples concrets et même un petit tableau emoji pour rendre tout ça (presque) fun !
Qu’est-ce que la capacité d’autofinancement ?
La capacité d’autofinancement (souvent abrégée « CAF ») est un indicateur financier qui représente les ressources internes qu’une entreprise est capable de générer par son activité, une fois retraités certains éléments comptables. Elle ne tient pas compte des décalages d’encaissement ou de décaissement : c’est un flux potentiel.
On ne doit pas la confondre avec le cash-flow réel : ce dernier intègre les mouvements de trésorerie effectivement réalisés (variations du besoin en fonds de roulement, mouvements de trésorerie liés aux investissements, etc.), tandis que la CAF est une vision “en comptabilité pure”.
La CAF sert de base à l’autofinancement : c’est le montant que l’entreprise peut consacrer en interne à ses investissements, au remboursement d’emprunts, ou à la distribution de dividendes.

Pourquoi calculer la capacité d’autofinancement ?
Calculer la capacité d’autofinancement offre plusieurs intérêts concrets pour un entrepreneur :
- Évaluer la capacité de remboursement : les banques ou les prêteurs regarderont la CAF pour juger si l’entreprise sera en mesure d’assumer le service de la dette (intérêts + remboursements)
- Organiser le financement interne : savoir quelle part de ses investissements peut être financée sans recourir à des ressources extérieures (emprunts, apports) est essentiel pour préserver son autonomie financière
Par ailleurs, la CAF permet de construire et d’analyser des ratios clés :
- Le ratio dettes financières / CAF (plus il est faible, plus l’entreprise est considérée comme solvable)
- Le ratio CAF / chiffre d’affaires, pour mesurer dans quelle proportion l’activité génère des ressources internes
Mais attention : une CAF positive ne garantit pas une trésorerie abondante si l’entreprise a de forts besoins en fonds de roulement ou d’importants investissements. C’est pourquoi l’interprétation doit toujours se faire dans un cadre global.
Les formules de calcul de la capacité d’autofinancement
Pour passer du résultat comptable à la CAF, il existe deux approches principales :
Méthode additive (à partir du résultat net)
Cette méthode consiste à partir du résultat net de l’exercice et à restituer les éléments non monétaires (charges non décaissables) et retirer les produits non encaissables, tout en incorporant les cessions d’actifs.
Formule classique :
CAF = Résultat de l’exercice
- Charges calculées non décaissables (dotations aux amortissements, provisions, etc.)
− Produits calculés non encaissables (reprises, produits de cession non monétaires, etc.) - Valeur nette comptable des éléments d’actifs cédés
− Produits de cession des éléments d’actifs
Méthode soustractive (à partir de l’EBE)
On part de l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE), puis on ajoute les produits encaissables hors exploitation et on retranche les charges décaissables hors exploitation.
Formule :
CAF = EBE + Produits encaissables − Charges décaissables
Les deux méthodes doivent donner le même résultat si les retraitements sont correctement faits.
Étapes pratiques : comment réaliser le calcul pas à pas
Pour appliquer le calcul de la CAF, voici une feuille de route pratique :
- Récupérer les données nécessaires dans le compte de résultat détaillé : résultat net, dotations aux amortissements et provisions, reprises, produits et charges exceptionnels, cessions d’actifs, produits financiers, charges d’intérêts, impôts, etc.
- Identifier les charges calculées non décaissables (amortissements, provisions) et les produits calculés non encaissables (reprises, subventions virées, etc.)
- Isoler les produits et charges monétaires hors EBE : produits financiers encaissables, charges financières décaissables, produits et charges exceptionnels décaissables, etc.
- Appliquer la formule choisie (additive ou soustractive)
- Vérifier les soldes intermédiaires pour s’assurer qu’aucune charge ou produit n’a été oublié
Un petit tableau de synthèse permet souvent d’éviter les oublis et d’avoir une vision claire.

Exemple chiffré de calcul de capacité d’autofinancement
Voici un cas fictif simple pour illustrer le calcul :
| 🧮 Poste | Montant | Opération |
|---|---|---|
| Résultat net | 100000€ | Point de départ |
| + Dotations aux amortissements/provisions | +30000€ | Ajout de charges non décaissables |
| − Reprises sur amortissements/provisions | −5000€ | Retrait de produits non encaissables |
| + Valeur nette comptable d’actifs cédés | +8000€ | Ajout d’un actif sorti |
| − Produits de cession d’actifs | −10000€ | Retrait de produits de cession encaissables |
| + Produits financiers encaissables | +4000€ | Ressource complémentaire |
| − Charges financières | −6000€ | Sortie de trésorerie |
| − Impôt sur les bénéfices | −12000€ | Sortie de trésorerie |
👉 CAF = 109000€
L’entreprise dispose donc de 109000€ de capacité d’autofinancement, qu’elle peut utiliser pour investir, rembourser ses dettes ou renforcer sa trésorerie.
Interprétation et limites de la capacité d’autofinancement
Lorsque la CAF est positive, c’est un signal encourageant : cela signifie que l’entreprise génère assez de ressources internes pour couvrir ses investissements, ses engagements financiers, ou même distribuer des dividendes (dans la limite de ce que permettent les statuts et la législation).
Mais quelques éléments à garder en tête :
- Une CAF faible par rapport au chiffre d’affaires peut indiquer une efficacité limitée ou des charges trop lourdes
- Un ratio dettes financières / CAF élevé est souvent perçu comme un risque par les prêteurs
- La CAF ne tient pas compte des variations de besoin en fonds de roulement
- Elle ne mesure pas non plus les investissements futurs nécessaires
Ainsi, la CAF est un outil précieux mais non suffisant seul pour juger de la santé financière d’une entreprise.

Conseils pour améliorer sa capacité d’autofinancement
Voici quelques leviers concrets pouvant contribuer à augmenter la CAF :
- Réduire les charges décaissables : négocier les frais financiers, maîtriser les charges exceptionnelles, optimiser les conditions d’achat
- Allonger les amortissements ou provisions (sans tomber dans l’abus strictement comptable) pour augmenter les charges non décaissables
- Augmenter les produits encaissables hors exploitation : intérêts financiers, subventions, produits exceptionnels
- Optimiser la gestion du fonds de roulement : réduire les délais clients, mieux négocier les délais fournisseurs
- Contrôler les investissements : éviter les dépenses non rentables, anticiper les flux de trésorerie
L’objectif est de dégager une capacité d’autofinancement solide et durable, au service du développement de l’entreprise.










